Comment parler avec élégance d’un métier dont on dit avec une certaine pudeur compassée qu’il est le plus vieux métier du monde ? Si c’est le cas, il faudra remonter en des temps très anciens pour vérifier cette affirmation, sinon de supposer que cette activité mettant en relation un client nommé homme avec une femme nommée prostituée, pouvait exister du temps d’Adam et Eve, remarque apocryphe qui risque de soulever un tollé de protestations chez les fidèles lecteurs de la Bible, autre récit qui l’est tout autant. De souligner au passage que l’église catholique était désignée par cette même bible comme la « Putain de Babylon », Livre de l’apocalypse, chapitre 17 pour ceux qui en douteraient.
51 -I Can't Give You Anything But Love- Judy Garland
Prostitution vient du latin prostitutio, qui veut dire « exposer, mettre en avant, mettre en vente ». Une activité consistant à échanger des relations charnelles contre rémunération, commerce pour lequel bien des gens y ont recours, quelque soit l’appartenance sociale, professionnelle, politique, corporelle ou religieuse. Bien que pratiquée par les membres des deux sexes, elle est majoritairement exercée par les femmes et bien entendu consommée par les hommes. Le statut légal de la prostitution varie selon les pays et peut également être classé de l'illégalité criminelle aux activités légales professionnelles. Les revenus annuels de l'industrie de la prostitution sont estimés à plus de 100 milliards de dollars par an. Nous serions bien aise de connaître les chiffres de la prostitution en France, l’INSEE comme les services fiscaux ne pouvant fournir de chiffres sérieux.
Si en Allemagne, les instances politiques ont décidé courageusement de légaliser le commerce du sexe, cela à des fins légitimes, humaines et sanitaires, mais aussi fiscales, visant à lutter contre le banditisme et le proxénétisme, la France, qui a toujours un métro de retard, s’apprête à faire tout le contraire. Madame Danielle Bousquet PS, qui a présidé une mission d'information parlementaire sur la prostitution et son camarade homologue UMP Guy Geoffroy, rapporteur de la mission, légifèrent sur le problème de la prostitution dans le but de l’éradiquer. Autant dire que cette loi est aussi stupide et inepte que la prohibition de l’alcool aux Etats Unis dans les années 20 qui n’eut pour effet qu’engendrer tout le contraire de ce qu’elle voulait combattre. C’est exactement ce qui va ce passer en France.
Les prostituées comme les clients passeront par d’autres moyens de mise en relation, Internet sera le lieu du cyber racolage ou tout autre forme de prostitution souterraine. Les prostituées battront toujours le pavé, un peu plus cachées, un peu plus loin des quartiers chics et les clients de ces même quartiers seront toujours là à les attendre. Si le couple vertueux Bousquet/Geoffroy veut se donner bonne conscience en pensant mettre fin à la prostitution par un texte de loi impossible à mettre en oeuvre, un sérieux doute m’habite. On est en droit alors de se demander sur quelle planète vivent ces deux parlementaires si éloignés de la réalité, perchés sur leur tour d’ivoire, pour ne rien y voir justement. Cette politique hypocrite ne règlera rien sinon de marginaliser davantage la prostitution, d’encourager les réseaux proxénètes, de rendre la vie encore plus difficile aux femmes qui souffrent en se prostituant plus par nécessité que par goût, premières victimes annoncées d’une loi stupide et d’un autre âge. En cette période sombre sur fond de crise économique, n’y aurait-il pas des sujets plus urgents à débattre que le racolage de trottoir et qui revêt des allures de racolage électoral, une autre forme de prostitution.
